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Face à un gouvernement chinois ambivalent et avec des moyens modestes, le succès du jeu vidéo chinois Black Myth : Wukong, inspiré de La Pérégrination vers l’Ouest, était tout sauf évident. Il fait aujourd’hui autant la fierté des joueurs chinois que des autorités, qui tentent de surfer sur le phénomène. Mardi 20 août, jour de sa sortie, le jeu s’est rapidement hissé en haut du classement des jeux les plus joués de la boutique en ligne Steam, et le 23 août, le studio Game Science, responsable du développement, a annoncé avoir dépassé 10 millions de copies vendues sur PC et PlayStation 5. Avec un chiffre d’affaires estimé à 450 millions de dollars (402 millions d’euros) par Niko Partners, cabinet d’analyse spécialisé dans les jeux vidéo, le jeu est rentable moins d’une semaine après sa sortie.
Depuis qu’une longue bande-annonce avait été diffusée en 2020, Black Myth : Wukong était attendu avec impatience par les joueurs : les graphismes, impressionnants, mettent en valeur une image de la « Chine éternelle », avec des paysages et des temples magnifiques. Les scènes de combat sont à couper le souffle, tandis que le scénario, fondé sur un classique de la littérature du XVIe siècle, est connu de tous les Chinois, au moins grâce à ses adaptations télévisées : il raconte le pèlerinage vers l’Ouest d’un moine chinois – devenu le roi singe légendaire au fil des réinterprétations – parti chercher les sutras bouddhistes en Inde pour les rapporter en Chine.
Alors que la presse d’Etat chinoise célèbre une réussite pour le soft power du pays, le voyage vers l’Occident du jeu est plus chaotique. Le site Metacritic, qui attribue une note aux jeux vidéo en fonction de leur réception par la presse, accorde à Black Myth : Wukong celle de 81 sur 100. Un score correct, mais qui ne lui permet même pas de figurer dans la liste des 50 meilleurs jeux parus depuis le début de l’année. « Black Myth se révèle être un jeu qui frustre plus qu’il ne ravit », décrit le média britannique Eurogamer. En France, la rédaction de Jeuxvideo.com noe des « bugs frustrants » et des « soucis techniques », même si elle salue le « dépaysement total » qu’il propose.
Le site américain spécialisé Kotaku évoque, pour sa part, dès l’introduction d’une critique peu clémente, les conditions de test imposées par le studio Game Science aux vidéastes et streameurs désireux de s’y essayer. Car en même temps qu’un lien pour accéder à Black Myth : Wukong, les influenceurs ont reçu une liste de sujets tabous : Taïwan et la stratégie zéro Covid, les politiques chinoises en matière de jeux vidéo, mais aussi « la propagande féministe, la fétichisation, et autres contenus qui promeuvent des discours négatifs ».
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